Nous aborderons ici les possibilités offertes par les ferries en France et en Europe, et également, pour les voyageurs au long cours, le voyage sur un cargo ou, pourquoi pas, le bateau-stop. Les routes de France commencent à avoir un goût de déjà-vu. Vous voulez offrir un peu d’exotisme à votre vélo, quoi de plus normal, mais prendre l’avion, surtout pour quinze jours, n’est pas dans vos habitudes, l’emballage de votre destrier est fastidieux… Avez-vous pensé au bateau ?
Table of Contents
Les avantages des déplacements en bateau
Écologiquement respectable, ce moyen de transport présentera bien d’autres agréments. Les ports sont en général assez faciles d’accès (ce qui n’est pas forcément le cas pour les aéroports), à l’écart de l’agitation des gares ou des aéroports. Le temps d’attente pour acheter les billets est minime et les lignes sont proposées à des horaires plutôt satisfaisants. Pour les longues traversées, les horaires de nuit permettent d’économiser une nuit à l’hôtel. Cela commence par le plaisir de remonter la file des 500 voitures qui attendent, pour entrer le premier garer votre vélo dans cet immense garage flottant. Puis, la lenteur du déplacement vous accorde du temps pour lire, lézarder au soleil, bref vous préparer à votre futur séjour. Comparé au bus ou au train, il est possible de se dégourdir les jambes et de s’aérer. Les cyclistes embarquent et débarquent du ferry facilement… Pas besoin de démonter, d’empaqueter les vélos, pas de risque de casse, on les gare à côté des voitures dans le pont inférieur. Si vous avez un vélo électrique, le problème du poids est secondaire ainsi que les conditions de transport des batteries. Ajoutez le côté convivial, car il n’est pas rare de sympathiser avec les autres passagers. Enfin, à l’arrivée, vous entrerez directement dans la vie du pays que vous voulez visiter sans vous préoccuper de déballer votre vélo.
Voici quelques idées de randonnée cyclistes en Méditerranée :
- La Corse avec une traversée de 4 à 8 h de bateau depuis la France, sans doute un des plus beaux paysages de route côtière.
- Les Baléares, paradis des cyclistes routiers, injustement méconnu des cyclo-voyageurs. De superbes coins de camping sauvage mais pas de terrain aménagé.
- La Tunisie mérite plusieurs voyages.
- Le Maroc, où plusieurs ports permettent un parcours côtier sans aller-retour.
D’autres possibilités sont envisageables en Europe du Nord :
- L’Irlande au départ de Normandie ou de Bretagne (Roscoff).
- L’Islande au départ du Danemark, avec un arrêt possible aux îles Féroé.
Enfin, vous pouvez organiser de superbes périples alternant vélo et bateau sur plusieurs pays. En partant d’Allemagne, vous pouvez effectuer une traversée vers la Suède, puis de Stockholm, reprendre un bateau vers la Finlande, via les iles Åland, et enfin retourner en Allemagne depuis Helsinki. Un beau voyage permet de rejoindre Istanbul depuis la France en 5 000 km et sept ou huit ferries, via la Corse, la Sardaigne, le sud de l’Italie, l’Albanie, la Grèce, les îles grecques. Vous rentrerez par l’EuroVelo 6 ou en cargo pour poursuivre les plaisirs du voyage en bateau. Si vous avez la chance de vous lancer sur les routes de Patagonie, au sud du Chili, vous pourrez envisager plusieurs circuits alliant bateau et vélo, comme Chiloé – la Carrêtera austral ou encore effectuer l’aller (ou le retour) de la Carrêtera austral par le Navira austral, liaison de quatre jours entre Puerto Natales et Puerto Montt, au travers des fjords et dans le golfe de Penas. Vous vivrez au milieu des chevaux, vaches, camionneurs et touristes… En effet, durant l’été, ce bateau de la Navimag assure une liaison hebdomadaire avec l’extrême sud du Chili.
Le budget nécessaire à ce type de transport
Ces traversées ne sont pas toujours bon marché. Cela dépend des compagnies et du confort choisi (en cabine individuelle ou partagée, en siège, ou sans réservation). Par exemple, Newcastle-Amsterdam en cabine avec DFDS Seaways est de 150 € par personne. Ou le Rome-Barcelone en cabine avec Grimaldi Lines est de 75 € par personne. Pour aller loin avec les lignes de cargo, toutes les destinations sont possibles ! Le plus difficile est de trouver la bonne formule à un tarif correct. En effet, le temps où l’on embarquait sur le cargo gratuitement en échange d’un coup de main pour nettoyer le fond de cale est révolu. Aujourd’hui, il faut payer sa place à bord, et les places sont rares et (parfois) chères. En revanche, c’est un moyen de transport vraiment insolite et qui présente de nombreux avantages… Très sécurisant pour les vélos (pas de risque de casse, pas de paquet à faire), les formalités à l’arrivée sont parfois plus simples et plus rapides, et on évite le côté stressant de l’aéroport. Surtout, c’est une expérience inouïe de passer plusieurs jours sur un cargo, de partager la vie de l’équipage, de découvrir cet univers à part. Une traversée en cargo, c’est échapper, ne serait-ce que quelques jours, à l’agitation de la vie moderne et retrouver d’autres valeurs. C’est faire le choix de voyager à vitesse humaine, au rythme des éléments, et de prendre le temps. Il faut accepter de ne pas partir le bon jour, de rallonger la traversée pour contourner une tempête, de patienter pour le chargement… Un mode de transport humble ! C’est donc plus un choix qu’une économie, certaines traversées ne sont pas forcément excessives compte tenu des services proposés à bord. Grimaldi Lines affiche de nombreuses traversées à destination de l’Amérique ou l’Afrique (Le Havre-Dakar ou Anvers-Dakar pour environ 550 € tout compris). Évidemment, c’est en pension et il faut compter environ 80 € par jour et par personne. Si le voyage dure un mois cela peut être dissuasif.
Trouver le cargo ou le voilier au bon moment
Les réservations devront se faire deux trois mois avant la date prévue de l’embarquement. Grimper sur un voilier pour traverser l’Atlantique, c’est encore possible ! De nombreux navigateurs solitaires ont besoin, pour la traversée de l’Atlantique, de personnes à bord pour assurer les quarts. Ils recherchent donc des volontaires, le plus souvent dans les ports de la côte marocaine. Il vaut mieux s’y connaitre un peu en navigation, mais ce n’est pas forcément nécessaire, dès lors que la motivation est là. En revanche, il faut être déterminé et persévérant pour trouver un bateau et ne pas hésiter à écumer les ports de commerce et de plaisance pour rencontrer directement les marins en partance. Le bon créneau pour la saison des traversées prend fin en décembre. Enfin, ultime problème pour le cyclo-voyageur : son fidèle compagnon de route sera souvent refusé à bord ! La place est limitée à bord d’un voilier, aussi faudra-t-il trouver une solution pour lui… Peut-être l’expédier par la poste ? En Océanie, vous trouverez de nombreux plans bateau-stop sous réserve d’attendre la bonne fenêtre météo.